Un vrai volontarisme budgétaire
Le calcul politique du gouvernement de David Cameron est sans doute habile. Autant frapper un grand coup dès le début du mandat, alors que la responsabilité de la situation peut encore être attribuée aux travaillistes, en espérant que la croissance n’en soit pas trop affectée et que des marges de manœuvre apparaissent en fin de mandat. En effet, il n’y aurait rien de pire que de devoir présenter un nouveau plan d’austérité dans deux ans, faute de mesures suffisantes.
Le gouvernement compte réduire le déficit de 150 à 20 milliards de livres en 5 ans ! Le plan comporte des hausses d’impôt : la TVA va ainsi passer de 17.5 à 20%, rapportant 13 milliards de livres, l’impôt sur les plus-values va passer de 18 à 28% et une taxe sur les banques devrait rapporter 2 milliards. Côté dépenses, il va geler les salaires de la fonction publique, supprimer des postes et réduire les budgets sociaux (via, entre autres, une remontée de l’âge de départ à la retraite à 66 ans).
Un véritable agenda néolibéral
Le principal (seul ?) point positif de ce plan est la remontée de la fiscalité sur les plus-values, qui permet de rapprocher la fiscalité du capital de celle du travail. Mais, parallèlement, le gouvernement s’est curieusement engagé à une baisse de l’impôt sur les sociétés, qui va passer de 28 à 24% en 4 ans, le niveau le plus faible du G20. En outre, les ménages payant la tranche inférieure de l’impôt sur le revenu vont bénéficier d’un abattement de 170 livres en 2011.
Si l’on peut comprendre l’intérêt de la Grande-Bretagne à baisser la fiscalité sur les entreprises (de manière à les attirer sur son territoire), il est tout de même incroyable qu’une hausse de la TVA serve indirectement à la financer, surtout à un moment où les profits des entreprises restent élevés (puisqu’ils devraient retrouver leur sommet d’avant la crise dès 2011 ou 2012). Cela montre encore la puissance du capitalisme actionnarial qui extrait toujours plus de valeur de la société.
David Cameron a fait le choix d'une rigueur extrême pour en faire porter la responsabilité sur les travaillistes. En France, le virage se fait plus progressif mais il ne devrait pas être moins réel, comme l'indique l’interview de Claude Guéant au Financial Times.
Laurent Pinsolle